Le feuilleton de Nigel Wilkins

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samedi 28 mai 2016

Edito : La Fibre s'arrête à Bois-Normand


Bois-Normand, Chambord, Les Bottereaux,
espaces non fibrés ?
Le câblage internet des Océans

La presse annonce l'arrivée de la Fibre numérique (Très-Haut-Débit internet) sur le Canton de Rugles.

Qu'en est-il pour Bois-Normand ?

Tout le monde est concerné

Même si vous, vous n'utilisez pas ou très peu internet, vous êtes concernés en tant que propriétaires : L'important n'est pas votre utilisation actuelle, mais les usages qui seront obligatoires (retraite, impôts, démarches, achats) très bientôt avec la généralisation d'usages toujours plus gourmands en bande passante.

Une résidence principale ou secondaire qui ne bénéficiera pas d'une bonne connexion internet pourra perdre 20% de sa valeur.

Ce questionnaire participatif, voulu par Daniel Mignot, maire de Bois-Normand, a pour but de démontrer aux décideurs qu'il est impensable que les bois-normantois (comme les habitants des Bottereaux et de Chambord) soient laissés sur le bord des routes à grande vitesse numérique, condamnés à regarder passer les véhicules à grande vitesse sans avoir rien à dire, et sans pouvoir rien en faire...

Quel est le plan d'Eure Numérique pour le Canton de Rugles ?


Eure Numérique est un établissement public du Département qui intervient avec l'argent du Fonds de solidarité numérique (l'Etat), de la nouvelle Région Normandie, et du Département. Et avec l'argent du canton pour les 20% restant à la charge de la Communauté de Communes. Donc seul l'argent des impôts intervient.
Il y a de nombreuses zones d'ombre dans ce plan. On ignore combien de prises fibre arriveront réellement à l'intérieur de combien de maisons (fibre réelle).
Et combien d'habitations seront raccordées par un dernier tronçon de cuivre (lignes actuelles), ce qui n'apporte qu'une simple amélioration du débit (fausse fibre).
On ignore si les grands opérateurs (Orange, Bouygues, SFR, Free) seront intéressés par cette opération. Et donc si les habitants ne devront pas se rabattre sur de petits opérateurs à la survie et au service après-vente problématiques. Que se passera-t-il si l'un d'eux fait faillite ?

Après les travaux prévus pour être terminés en 2018, Bois-Normand, Les Bottereaux et Chambord resteraient totalement non équipés, sur un budget où Eure Numérique entend laisser 750.000€ à la charge de la Communauté de Communes du canton de Rugles. Mais bien sûr la 3CR compte sur la participation en impôts des habitants délaissés de ces trois communes pour boucler son budget numérique...


On nous fait seulement miroiter une solution de substitut par l'hertzien : mais on la connaît déjà, c'est l'internet par le satellite, qui fait payer au kilos toute utilisation un peu sérieuse. Ce serait introduire une complète inégalité entre habitants d'un même territoire.

Comment remplir le questionnaire en ligne sur ce blog ?

Vous pouvez remplir le questionnaire Fibre 1) en ligne directement sur ce blog, ou 2) en le téléchargeant et l'imprimant à partir du formulaire publié 2 articles plus bas.

Si vous souhaitez le remplir en ligne, vous pouvez procéder comme suit :

Allez à l'article qui suit celui-ci. Sélectionnez tout le texte (Ctrl a), copiez-le (Ctrl c) puis collez-le (Ctrl v) dans le champ Saisissez votre commentaire, en bas de l'article, après avoir cliqué sur Ajouter votre commentaire, comme le montre l'image ci-dessous.


Le questionnaire en ligne

Quels sont vos usages d'internet ?
Démontrez que vous en avez besoin pour vivre et travailler à Bois-Normand.

Utilisez-vous internet pour votre travail ? OUI – NON
Êtes-vous ? Artisan – Apprenti - Indépendant – Salarié - Commercial – Agriculteur – Propriétaire d'un Gîte – Etudiant - Webmaster – Graphiste – Codeur – Musicien – Cinéaste – Scénariste – Professeur - Travaillez-vous à distance ? . Vous pouvez décrire plus précisément vos usages professionnels plus bas.

Avez-vous et aurez-vous dans l'avenir des fichiers volumineux à envoyer et recevoir (plan de bâtiments, données agricoles, fichiers images son vidéo retravaillés depuis chez vous, etc.) ? OUI - NON

Ou avez-vous besoin d'internet pour rechercher du travail depuis chez vous ? OUI - NON

Pensez-vous qu'un apprenti ne disposant pas à domicile d'une bonne connexion aura moins de chance de trouver de bons stages, de bonnes filières ? OUI - NON

Pensez-vous qu'un enfant ne disposant pas à domicile d'une bonne connexion internet pour les usages d'enseignement du futur (classes vidéos interactives) aura moins de chance de poursuivre de bonnes études, de décrocher une bonne situation ? OUI - NON

Jugez-vous important de pouvoir bénéficier dans les meilleurs conditions des possibilités d'achat et de revente sur les plate-forme spécialisées (Le Bon Coin etc.) ? OUI - NON


Pour vos loisirs, et votre culture générale, jugez-vous important de pouvoir bénéficier des nouveaux usages comme la Vidéo à la demande, dans de bonnes conditions ? OUI - NON

Vos commentaires :

ICI 

Pour télécharger ou imprimer le questionnaire Fibre.

1. Cliquer sur l'icône Fenêtre externe


2. Le questionnaire s'ouvre dans une fenêtre indépendante.

3. Cliquez sur l'icône de l'imprimante, pour l'imprimer.

4. Ou cliquez sur l'icône de la flèche pour télécharger le document.







Pour votre avenir, pour avoir la Fibre, remplissez ce questionnaire


lundi 2 mai 2016

Pourquoi le Conseil Département peut afficher fièrement les couleurs ?

Le Conseil Départemental expose, jusqu'au 27 mai, Olivier Desvaux, gagnant incontestable du Concours Paliss'art 2015 de la Fête de la Peinture.




Que nous raconte en image le tableau peint dans la journée du 7 juin 2015, à La Source, et intitulé « Je suis Charlie » ?
Olivier Desvaux se hisse avec ce tableau dans la tradition des peintres d'Histoire, le genre pictural majeur depuis 1667, selon la classification de Félibien. Genre démantelé par les impressionnistes et leur focalisation sur le paysage et les scènes de la vie privée. Olivier Desvaux est exposé l'année de Normandie impressionniste pour un tableau qui remonte le cours de l'histoire de la peinture. Il est donc très exposé à la critique. Pari réussi ?

Le sujet du tableau d'Olivier Desvaux est planté à Paris, lors la manifestation historique du 11 janvier 2015, en réponses aux attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015.
L'arrière-plan montre les façades des immeubles haussmanniens de la Place de la République. Après les Journées de barricades républicaines de 1830 et 1848, le préfet Haussmann rénova un Paris encore moyenâgeux et insalubre (lire les descriptions de Balzac) aussi pour percer, selon la volonté de Napoléon III, de grandes saignées, les boulevards, qui permettraient à la troupe et la cavalerie de charger plus rapidement des insurgés.
Le tableau d'histoire le plus célèbre sur les journées d'émeutes républicaines à Paris est évidemment celui d'Eugène Delacroix : La Liberté guidant le peuple le 28 juillet 1830.



En arrière plan, des façades parisiennes dans la blancheur de leur revêtement de pierre (avant le noircissement de la révolution du charbon...).
Au premier plan, juste derrière la Liberté, le Gavroche ayant ramassé cartouchière et pistolets aux deux gardes nationaux échoués au pied de la barricade après un assaut repoussé. Ce Gavroche est ce personnage de peinture qui inspira Victor Hugo dans ses Misérables au chapitre de la barricade de la rue Saint-Denis. Le Villequiérais Olivier Desvaux rend ici hommage au plus célèbre habitant de la Maison Vacquerie à Villequier (maintenant commune déléguée de la nouvelle Rives-en-Seine, passons sur la laideur de l'appellation et l'arasement de son histoire... un vrai naufrage, après celui de la fille adorée d'Hugo).
Dans le tableau d'Eugène Delacroix, au pied du cadre, gisent morts un insurgé dont la chemise est le linceul et les deux soldats représentant la répression. La fumée des canonnades fait encore écran. Dans le tableau d'Olivier Desvaux, le linceul devient banderole où l'on devine le slogan « Je suis Charlie ». C'est que le 11 janvier 2016, les manifestants ne se sont pas affrontés aux forces de l'ordre, ils les ont applaudis voire embrassés. Pas de fumées lacrymogènes mais la lumière transparente d'une belle journée d'hiver parisien.

Où le tricolore se trouve-t-il dans le tableau d'Eugène Delacroix ? Sur le drapeau brandit par la femme allégorie de la Liberté bien sûr, mais encore dans la répartition des vêtements de cette autre femme qui perd son sang sur les pavés et tente de se relever au passage de la Liberté. Deuxième femme curieusement oubliée des commentateurs du tableau, et pourtant personnage essentiel du tableau. Son rappel allusif chez Desvaux prend tout son sens quand on veut bien voir ce qui crève les yeux, que cette femme a noué un foulard sur ses cheveux. Écho aux discussions des journalistes et sociologues sur la présence ou non de la composante maghrébine française lors de la manifestation du 11 janvier. Des foulards défilaient aussi.
Où le tricolore se trouve-t-il dans le tableau d'Olivier Desvaux ? Dans la répartition des couleurs des vêtements sur la toile. Bleu de la foule, Blanc de la banderole et des immeubles, Rouge sang de l'anorak du personnage central, qui est le peintre, comme dans le tableau de Delacroix, le personnage avec le chapeau haut de forme noir représente Eugène.
Revenons à la blancheur des immeubles. Le plan de reconstruction du baron Haussmann grevait les immeubles d'une servitude de ravalement périodique des façades en pierre de taille. Qui a connu le Paris des années 50 sait que c'était une ville aux murs tapissés de noir de charbon.
C'est Malraux qui a réactualisé le ravalement des façades en 1962. Malraux, l'instigateur avec Michel Debré de la manifestation du 30 mai 1968 de soutien au Général de Gaulle: manifestation contre l'autre manifestation, celle du 13 mai 1968 des syndicats, réunissant chacune au moins 1 million de paires de guibolles (à diviser par deux selon la Préfecture). La banderole blanche du tableau de Desvaux, et les personnages perchés sur des épaules, cachent le deuxième étage de l'immeuble haussmannien. Tout un peuple est dans la rue. Mais ne le cache pas complètement, cet étage noble. Tout le monde est dans la rue sans distinction d'opinions politiques. Voilà comment on signifie allusivement en peinture (serait-ce la marque d'une grande peinture ?).



Dans les plis de la banderole blanche du tableau de Desvaux on reconnaît, mais pas si facilement, le slogan « Je suis Charlie ». Cette toile blanche portée à bout de bras porte aussi le palimpseste de Charl(ot) des sous, c'est fini etc, d'autres slogans, ceux des « événements » de 1968.

Mais ce que l'on perçoit le mieux c'est le mot Art. Pourquoi ? Ce rappel de 1968 n'est pas innocent pour un artiste qui a choisi, contre vents et marées, de continuer la tradition de la peinture représentative. Après 68, les Écoles des Beaux-Arts ont été investies, pour le meilleur ou pour le pire, par une nouvelle génération de professeurs qui ont démantelé les enseignements classiques : les dessin, l'anatomie etc. pour s'ouvrir aux nouveaux courants déjà prédominants aux Etats-Unis, en Allemagne, Belgique, Suisse et Italie, les pays qui faisaient le Marché de l'Art. Pendant de longues années l'enseignement traditionnel de la peinture a été progressivement ostracisé et marginalisé aux Beaux-Arts, avec à nouveau un long retard à l'allumage en France puisque dès 1980, le Marché de l'Art s'était retourné en Allemagne vers la peinture peinture avec le Nouvel Expressionnisme.
Le cadre vide que porte le personnage central du tableau d'Olivier Desvaux évoque les expositions du Groupe Support-Surface (d'obédience maoïste de salon) qui déconstruisait le Tableau et la Toile, exposés séparemment.
Olivier Desvaux « figure » dans son tableau mais ne se montre narcissiquement comme dans un selfie, non plus qu'Eugène Delacroix qui se place avec les révolutionnaires républicains, les rejoint. Olivier Desvaux clame fièrement qu'il est peintre et le souligne en rouge, la couleur des pompiers, en réponse à l'accusation de faire de l'art pompier des tenants de l'abandon de la peinture. Il manifeste fièrement qu'il fait de la peinture de chevalet en repartant de la définition d'Alberti : « le tableau est une fenêtre ouverte sur le monde » (De Pictura, 1435).

Olivier Desvaux ne déconstruit pas la peinture, il en fait. Par delà les choses et les gens que l'on peut reconnaître dans sa toile, comme une vache ressemble bien à une vache dans un tableau bucolique du 19e siècle, sa peinture a plein de choses à nous dire, en tout cas dans le tableau que le Conseil Départemental peut s'honorer d'exposer et d'avoir désormais dans ses collections. Alors pari réussi ?

Riri Polin

Du 2 au 27 mai 2016, Hôtel du Département de l'Eure, Boulevard Georges Chauvin 27000 Evreux
Du lundi au vendredi de 9h à 18h, entrée libre.

Voir aussi : https://goo.gl/photos/UXtfRrW

Association La Source à la Guéroulde